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HISTOIRE GÉNÉRALE


des Amis, il est probable qu’ils ont aussi leurs grandes danses, exécutées par un grand nombre de personnes des deux sexes.

» Leur musique instrumentale est aussi plus grossière ; car, si j’en excepte des tambours de diverses grandeurs, ils n’ont ni flûtes ni chalumeaux, ni instrumens d’aucune espèce. Mais les airs qu’ils chantent en parties[1], et qu’ils

  1. Comme des personnes très-versées dans la musique doutent beaucoup que les naturels des îles Sandwich chantent en parties, et que ce fait serait très-curieux si on le démontrait clairement, je regrette de ne pouvoir en donner des preuves positives.

    Le capitaine Burney, et M. Philips, aujourd’hui capitaine des troupes de la marine, qui l’un et l’autre savent assez bien la musqué, croient que ces insulaires chaulaient en parties, c’est-à-dire que plusieurs d’entre eux chantaient ensemble sur différens tons, qui formaient une harmonie agréable.

    Selon le rapport de ces messieurs, les naturelles îles des Amis étudiaient leur rôle avant de le jouer en public, et ils savaient que les tons différens sont utiles à l’harmonie : ils répétaient leurs compositions en particulier, et ils rejetaient les mauvaises voix avant de se donner en spectacle à ceux qu’ils supposaient juges de leurs talens en musique.

    Dans leurs concerts réguliers, chaque homme avait un bambou dont il frappait la terre : ces bambous étaient de différentes longueurs, et rendaient des tons différent : chacun des acteurs aidé par le son de cet instrument, répétait le ton de son bambou en y adaptant des paroles, et en le faisant à son gré bref ou long ; de cette manière ils chantaient en chœur, non-seulement à l’octave l’un de l’autre selon la nature de leurs voix, mais en formant des accords qui ne déplaisaient point à l’oreille.

    Il ne sera pas aisé de répondre à ces faits par des raisonnements : d’un autre côté, il n’est pas vraisemblable qu’un peuple grossier soit arrivé par hasard à un degré de perfection dans la musique auquel nous croyons qu’on ne peut parvenir qu’à force d’étude, et lorsqu’on connaît le système et la théorie sur lesquels une composition musicale est fondée. Ce misérable jargon de nos psalmodies de campagne, qu’on