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HISTOIRE GÉNÉRALE


kakoua, que je dois par reconnaissance les justifier sur ce reproche général, et déclarer que je n’en ai jamais mangé de meilleur, même aux îles des Amis. Il faut remarquer cependant qu’ils n’avaient pas encore imaginé l’art de conserver le fruit à pain, et d’en faire, l’exemple des habitans des îles de la Société, une pâte aigrelette appelée makié : ce fut un plaisir pour nous de pouvoir leur apprendre cet utile secret, et de leur témoigner ainsi notre reconnaissance des soins hospitaliers et généreux dont ils nous avaient comblés. Ils sont extrêmement propres dans leurs repas, et nous convînmes tous que leur manière d’apprêter les nourritures animales et végétales est fort supérieure à la nôtre. Les chefs commencent leurs repas par boire une liqueur tirée de la racine de poivre. Les femmes consentirent bien à manger avec nous du cochon ; mais elles craignirent d’être vues, et nous ne pûmes les déterminer à goûter de la tortue ou des espèces de bananes qui leur sont défendues.

« Il y a lieu de croire qu’ils passent leur temps d’une manière très-simple et peu variée. Ils se lèvent avec le soleil, et, après avoir joui de la fraîcheur du matin, ils vont se reposer quelques heures. La construction des pirogues et des nattes occupe les éris ; les femmes fabriquent les étoffes, et les teouteous sont chargés surtout du soin des plantations et de la pêche. Divers amusemens remplissent leurs heures de loisir. Les jeunes garçons et les femmes aiment