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DES VOYAGES

» Les classes inférieures du peuple mangent principalement du poisson et des végétaux, et surtout des ignames, des patates douces, du tarro, des bananes, des cannes à sucre et du fruit à pain. Les insulaires d’un rang plus élevé y ajoutent de la chair de cochon et de chien, apprêtée de la même manière qu’aux îles de la Société : ils se nourrissent aussi de volailles, qui sont domestiques comme les nôtres, mais qui ne sont ni abondantes ni fort estimées. Le fruit à pain et les ignames étaient peu communs lors de notre première relâche, et on en faisait cas, ainsi qu’on prise les choses rares. Il n’en fut pas de même à l’époque de notre seconde visite ; et il est très-probable que ces végétaux croissant pour l’ordinaire dans l’intérieur du pays, la brièveté de notre séjour dans la baie d’Ouimoa ne donna pas aux naturels le temps de nous en apporter. Ils salent leur poisson, et ils le conservent dans des gourdes, non, comme nous l’imaginâmes d’abord, pour se ménager des provisions dans le temps de la disette, mais parce qu’ils aiment mieux les alimens salés ; car nous reconnûmes que les éris eux-mêmes avaient coutume de saler, également des morceaux de cochon, et que c’était pour eux une grande friandise.

» Leur cuisine est précisément de l’espèce de celle qu’on a déjà décrite en parlant des autres îles du grand Océan ; et quoique le capitaine Cook se plaigne de l’aigreur de leur poudding de tarro, on nous en a servi de si bon à la baie de Kara-