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HISTOIRE GÉNÉRALE


pouri, ne put avaler un seul moreeau. Le vieillard, voulant redoubler de politesse, essaya de lui donner des morceaux tout mâchés, et l’on imagine bien que le dégoût de notre commandant ne fit que s’accroître.

» Après cette cérémonie, à laquelle le capitaine mit fin dès qu’il put le faire décemment nous quittâmes le moraï. Nous ne manquâmes pas de distribuer parmi les insulaires quelques morceaux de fer et d’autres bagatelles dont ils firent enchantés. Les hommes qui portaient des baguettes nous reconduisirent à nos canots en répétant les phrases et les mots qu’ils avaient débités lors de notre débarquement. Le peuple se retira, et le petit nombre de ceux qui ne s’en allèrent pas se prosterna la face contre terre à mesure quen ous cô toy âmes le rivage. Nous nous rendîmes sur-le-champ à bord, l’esprit tout occupe de ce que nous avions vu, et extrêmement satisfaits des dispositions amicales des habitans. Je ne pourrais donner que des conjectures très-incertaines et très-inexactes sur le but des diverses cérémonies que leur nouveauté et leur singularité m’ont engagé à décrire en détail ; il paraît clair toutefois qu’elles annonçaient un grand respect de la part des insulaires, et nous jugeâmes qu’elles étaient bien voisines d’une adoration-religieuse envers notre commandant. J’allai à terre le lendemain avec une garde de huit soldats de marine, y compris le caporal et le lieutenant. Le capitaine m’avait ordonné d’établir l’observatoire à l’endroit qui me sem-