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DES VOYAGES


nous ont paru extrêmement rares ; nous avons jugé qu’ils sont réservés aux insulaires du rang le plus élevé, et que les hommes seuls en font usage. Durant notre relâche à la baie dé Karakakoua, nous n’en avons vu que trois fois : lorsque Terriobou vint faire sa première visite aux vaisseaux ; lorsque le capitaine Cook fut tué (dans ce fatal moment on aperçut dans la foule des chefs revêtus de cet habit de cérémonie), et lorsque Eappo nous apporta les restes de notre commandant.

» Cet habit ressemble tellement au manteau et au casque portés autrefois par les Espagnols, que nous examinâmes s’il y avait lieu de croire que les habitans des îles Sandwich l’ont emprunté de cette nation. Après avoir mis en usage tous les moyens qui dépendaient de nous pour éclaircir ce point, nous vîmes qu’ils ne connaissent aucun peuple étranger, et qu’il ne reste sur ces îles aucune tradition de l’arrivée d’un vaisseau pareil aux nôtres. Cependant, malgré le résultat de ces recherches, la forme extraordinaire de cet habit me parait une preuve suffisante qu’elle vient d’Europe, surtout lorsque je vois qu’elle s’écarte de la forme générale des vêtemens qu’emploient tous les peuples de la race répandue sur les terres du grand Océan. Nous conjecturâmes qu’un vaisseau flibustier ou espagnol avait fait naufrage, aux environs de ces îles ; et si l’on se rappelle que les navires espagnols qui vont d’Acapulca à Manille passent à peu de degrés au sud des