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DES VOYAGES

sels ; et il est aisé d’expliquer pourquoi les habitans de la Nouvelle-Zélande ont conservé le repas qui était, selon toute apparence, le dernier acte de ces affreuses cérémonies, plus long-temps que les autres peuples de leur race, établis dans des climats plus doux et plus fertiles. Comme les naturels des îles Sandwich ont plus d’analogie du côté de la figure et du caractère avec les insulaires de la Nouvelle-Zélande qu’avec aucun autre peuple de cette femille, M. Anderson était très-disposé à croire qu’à leur exemple ils continuent à se nourrir de chair humaine ; mais il m’est toujours resté des doutes sur la justesse de ces conclusions, et il ne sera pas hors de propos de dire ici pourouoi. Je remarquerai seulement, par rapport aux informations tirées des naturels du pays eux-mêmes, que presque tous nos officiels se donnèrent beaucoup de peine pour éclaircir une question si curieuse ; et qu’excepté dans les deux cas cités par M. Anderson, les insulaires nièrent toujours que cette coutume fût établie parmi eux. Il faut convenir que M. Anderson étant plus instruit que personne de la langue de ces îles, ses lumières donnent un grand poids à son opinion ; mais on me permettra d’observer que j’étais à côté de lui lorsqu’il examina l’homme qui avait le petit morceau de chair enveloppé dans de l’étoffe, et que les réponses de l’insulaire ne me semblent signifier autre chose sinon que cette chair était destinée à un repas, et qu’elle était