tête. Cette boisson n’abrège pas la vie de tous
les individus, car Terriobou, Kaou et quelques
autres chefs étaient’très-vieux ; mais elle
amène toujours la décrépitude de bonne heure.
Heureusement son usage est un des privilèges
particuliers des chefs. Le fils de Terriobou, âgé
d’environ douze ans, se vanta souvent d’avoir
obtenu le droit de boire de l’ava, et
il nous montra d’un air triomphant un petit
espace sur ses reins qui commençait à devenir
écailleux.
» L’histoire de cette drogue pernicieuse est très-singulière. Lorsque le capitaine Cook visita pour la première fois les îles de la Société, elle y était peu connue ; lors de son second voyage, il la trouva d’un usage fort commun à Ouliétéa ; mais on n’en consommait pas beaucoup à Taïti. Durant son troisième voyage, il aperçut ses ravages sur cette dernière île ; ils étaient si prodigieux, qu’il eut peine à reconnaître ses anciennes connaissances. Les chefs des îles des Amis en boivent constamment ; mais ils y mettent tant d’eau, qu’elle ne semble pas produire de mauvais effets. On en prend aussi à Atouaï avec une grande modération, et les chefs s’y portent beaucoup mieux ; ils sont d’une figure plus belle que sur aucune des îles voisines, Nous observâmes que, si l’on interrompt l’usage de cette racine, les maux qu’elle produit ne tardent pas à se dissiper. Kous déterminâmes nos bons amis Kaïrikia et le vieux Kaou à s’en abstenir ; et, depuis ce