que insensible. Tout le pays est couvert de cocotiers
et d’arbres à pain. Ce canton est, autant
que nous pûmes en juger, le plus beau de
l’île. À l’extrémité sud-ouest, les montagnes
s’élèvent brusquement du bord de la mer, et
ne laissent entre elles et la plage qu’une bordure
étroite de terrain bas. Le flanc des montagnes
est couvert d’une belle verdure. En doublant
la pointe orientale de l’île, nous vîmes
une autre montagne couverte de neige. Son
nom est Mouna-Roa, ou le Grand-Mont. Nous
l’aperçûmes constamment tant que nous prolongeâmes
la côte sud-est. Son sommet est aplati
et forme ce que les marins appellent une
table. Sa cime est ensevelie sous des neiges perpétuelles ;
nous les vîmes une fois descendre assez
bas le long de ses flancs, mais en petite
quantité. La plus grande partie de celles-ci disparut
en peu de jours.
» La ligne des neiges perpétuelles sous le tropique, telle qu’elle a été déterminée par La Condamine, d’après des observations faites dans les Andes, indique la hauteur du Mouna-Roa à 2,100 toises au moins au-dessus du niveau de la mer, ce qui excède de 350 toises la hauteur du pic de Teyde ou de Ténériffe. Les pics de Mouna-Roa nous parurent avoir un demi-mille d’élévation ; et comme ils sont entièrement couverts de neige, la hauteur de leurs sommets ne doit pas être moindre de 2,250 toises au-dessus de la mer. Il est probable néanmoins que ces deux montagnes sont beaucoup