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DES VOYAGES


cesse douairière était sur notre vaisseau, nous eûmes bien de la peine à le déterminer à monter à bord, non qu’il parût craindre pour sa sûreté, mais parce qu’il ne voulait pas la voir. Leur entrevue fut accompagnée de coups d’œil de haine et de dédain qu’ils se lancèrent. Il demeura peu de temps parmi nous, et il nous sembla très-abattu ; mais nous remarquâmes avec surprise qu’à son arrivée et à son départ les femmes se prosternèrent devant lui, et que tous les naturels dont nous étions environnés lui rendirent les mêmes hommages qu’aux personnages de son rang. Il est extraordinaire qu’un homme qui était en état de guerre avec les partisans de Teavi, et qui se disposait même à une seconde bataille, ait eu la hardiesse de venir seul au milieu de ses ennemis:mais il faut observer que les dissensions civiles, qui sont très-communes dans toutes les îles du grand Océan, ne semblent pas entraîner beaucoup de fureur ou d’effusion de sang ; que le gouverneur déposé continue de jouir de la dignité d’éri, et qu’on lui permet de faire usage de totales moyens pour recouvrer l’importance qu’il a perdue. Au reste, j’aurai occasion de traiter cette matière quand je communiquerai les renseignemens que nous nous sommes procures sur l’état politique de ces îles. »

« Les deux vaisseaux partirent de l’île d’Atouaï le 8 au matin, et à trois heures de l’après-dînée ils mouillèrent à l’île d’Orihooua, où ils demeurèrent » jusqu’au 13. Comme ils s’éloignè-