Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 30.djvu/110

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
104
HISTOIRE GÉNÉRALE


terre les futailles de la Découverte ; les charpentiers calfatèrent les vaisseaux, et firent les autres préparatifs nécessaires pour la campagne que nous allions entreprendre. Les naturels ne nous incommodèrent plus, et ils nous apportèrent une quantité considérable de cochons et de végétaux.

» Un insulaire vint à bord de la Découverte avec un morceau de fer dont il nous pria de lui faire un palioua. Les officiers et les matelots examinèrent soigneusement ce morceau de métal, et ils jugèrent qu’il avait servi de cheville au bordage d’un grand navire. Ils ne purent découvrir en quel pays on l’avait façonné ; mais à la couleur terne[1] du métal, et à la différence qu’ils perçurent entre cette cheville et les nôtres, ils jugèrent qu’elle n’était sûrement pas de fabrique anglaise. Cette observation les détermina à demander à l’insulaire à quelle époque et dans quel lieu il s’était procuré cette cheville ; et s’ils ne se méprirent point, il l’avait tirée d’une pièce de bordage plus grosse que la bitte d’un câble, qui lui servit de terme de comparaison : ils jugèrent de plus que cette pièce de bordage avait été amenée sur les côtés de l’île depuis que nous l’avions quittée au mois de janvier 1778.

» Le 7, nous reçûmes de Teneoneo une visite inattendue. Lorsqu’il eut appris que la prin-

  1. Le fer que nous trouvâmes chez les habitans de la baie de Noutka, et qui avait presque toujours la forme d’un couteau, était sensiblement beaucoup plus terne que le nôtre.