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HISTOIRE GÉNÉRALE

longues piques et de dagues ; mais ils n’essayèrent pas de troubler nos opérations. Leurs femmes traversèrent la rivière, et elles s’assirent sur le bord, tout près de nous. À midi, nous déterminâmes quelques-uns des hommes à nous apporter des cochons et des racines, et même à les apprêter. Dès que nous eûmes quitté la grève, ils vinrent sur le rivage, et l’un d’eux nous jeta une pierre : tous les autres ayant paru désapprouver sa conduite, nous ne crûmes pas devoir montrer du ressentiment.

« Le 3, nous achevâmes de remplir nos futailles sans éprouver beaucoup d’obstacles. De retour aux vaisseaux, nous apprîmes que plusieurs chefs avaient été à bord, et qu’ils avaient fait des excuses sur la conduite de leurs compatriotes. Ils attribuèrent ces désordres à des disputes qui subsistaient parmi les principaux personnages de l’île, et qui occasionaient du trouble et de l’insubordination. Toneoneo, qui exerçait l’autorité suprême l’année précédente, à l’époque de notre relâche, et un jeune homme nommé Teavi, se disputaient le gouvernement d’Atouaï : ils étaient l’un et l’autre petits-fils de Perrioranni, roi d’Ouhaou, qui avait donné le gouvernement d’Atouaï au premier, et celui d’Onihéaou au second. Les chèvres que nous avions laissées à Onihéaou l’année d’auparavant avaient donné lieu à la querelle. Toneoneo les réclamait, sous prétexte que cette île dépendait de lui : les amis de Teavi faisaient valoir le droit de possession : les deux partis soute-