petite troupe était séparée en trois détachemens,
qu’une partie remplissait les barriques,
qu’une autre roulait les futailles au bord de la
mer, et que la troisième achetait des vivres à
quelque distance de là, je pensai un moment
qu’il convenait de la rassembler pour exécuter
et protéger un seul service à la fois ; mais, après
y avoir réfléchi, je jugeai qu’il valait mieux ne
rien changer à nos premières dispositions. Car,
en cas d’attaque sérieuse, toute notre troupe,
quoique placée de la manière la plus avantageuse,
n’aurait jamais pu faire qu’une faible
résistance : d’un autre côté, je crus important
de montrer aux insulaires que nous n’avions
pas peur, et, ce qui était encore plus essentiel,
nous tenions par notre séparation la
foule divisée ; une portion assez considérable
d’entre eux ne fut occupée que de nous vendre
des provisions.
» Il est probable que la crainte de nos armes à feu fut la principale cause de leur lenteur à nous attaquer ; la confiance qu’elles nous inspiraient, puisque nous n’opposions que cinq soldats de marine à leur grand nombre, leur donna sans doute une haute idée de notre supériorité. C’était à nous à maintenir cette idée ; et je dois dire à l’honneur de mes détachemens qu’il eût été impossible de se mieux conduire pour renforcer cette impression. Ils souffrirent avec une modération et une patience extrêmes tout ce qui pouvait être interprété comme une plaisanterie ; et lorsqu’ils voyaient que les in-