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HISTOIRE GÉNÉRALE


de notre cercle, avait occasioné cette dispute.

» Je remarquai que notre situation exigeait beaucoup de circonspection et de ménagement ; et, en conséquence, je défendis de la manière la plus expresse de tirer ou de faire aucun acte de violence sans ordre positif. Je venais de prendre ces mesures lorsque les matelots qui remplissaient les futailles m’appelèrent à leur secours ; les naturels se montraient mal disposés. Ils exigeaient une grande hache pour chaque barrique d’eau ; et comme on n’avait point souscrit à leur demande, ils ne voulaient pas permettre aux matelots de rouler nos futailles au bord de la mer.

» Dès que je les eus joints, un insulaire s’avança vers moi d’un air très-insolent, et établit la même prétention. Je lui dis qu’en qualité d’ami je voulais bien lui offrir une hache mais que certainement j’embarquerais de l’eau sans la payer ; j’ordonnai tout de suite aux matelots de la pinasse de continuer leurs travaux : et, afin de les protéger, je fis venir trois soldats de marine.

» Cet acte de vigueur arrêta les insulaires : ils ne troublèrent plus le détachement qui remplissait les futailles ; mais ils continuèrent d’ailleurs à nous tourmenter et à faire tout ce qui pouvait nous incommoder et nous irriter. Quelques-uns, sous prétexte d’aider nos gens à rouler les barriques, les éloignaient du chemin et les emmenaient d’un autre côté : plusieurs enlevaient les chapeaux sur la tête des