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seurs. L’occupation qu’ils attribuent à ces esprits est de protéger et de secourir leurs parens et leurs anciens amis. C’est à peu près le culte des anges gardiens parmi nous.

Les Quodjas qui reçoivent quelque outrage se retirent dans les bois, où ils s’imaginent que ces esprits font leur résidence. Là, ils demandent vengeance à grands cris, soit à Kanno, soit aux diannanines. De même, s’ils se trouvent dans quelque embarras ou quelque danger, ils invoquent l’esprit auquel ils ont le plus de confiance. D’autres le consultent sur les événemens futurs. Par exemple, lorsqu’ils ne voient point arriver les vaisseaux de l’Europe, ils interrogent leurs diannanines pour savoir ce qui les arrête, et s’ils apporteront bientôt des marchandises. Enfin leur vénération est extrême pour les esprits des morts. Ils ne boivent jamais d’eau ni de vin de palmier sans commencer par en répandre quelques gouttes à l’honneur des diannanines. S’ils veulent assurer la vérité, c’est leurs diannanines qu’ils attestent. Le roi même est soumis à cette superstition ; et, quoique toute la nation paraisse pénétrée de respect pour Kanno, le culte public ne regarde que ces esprits. Chaque village a dans quelque bois voisin un lieu fixe pour les invocations. On y porte, dans trois différentes saisons de l’année, une grande abondance de provisions pour la subsistance des esprits. C’est là que les personnes affligées vont implorer l’assis-