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mes ; ce qui n’empêche point qu’elles ne trouvent facilement des maris. Les hommes seraient même fâchés de prendre une femme qui n’aurait pas donné avant le mariage quelque preuve de fécondité, et qui n’aurait pas acquis, quelque bien par la distribution de ses faveurs. Ce qu’elle a gagné par cette voie sert au mari pour l’obtenir de ses parens. Ainsi les femmes en sont plus libres dans leur choix, parce qu’il dépend d’elles de donner ce qu’elles ont acquis à l’homme qui leur plaît.

Les maisons de ce pays sont, dit-on, les mieux bâties de toute la côte. Au centre de chaque village on voit une sorte de théâtre, couvert comme une halle de marché, qui s’élève d’environ six pieds, sur lequel on monte de plusieurs côtés par des échelles ; il porte le nom de kaldée, qui signifie place, ou lieu de conversation. Comme il est ouvert de toutes parts, on y peut entrer à toutes les heures du jour et de la nuit : c’est là que les négocians s’assemblent pour traiter d’affaires, les paresseux pour fumer du tabac, et les politiques pour entendre ou raconter des nouvelles. Les plus riches s’y font apporter, par leurs esclaves, des nattes sur lesquelles ils sont assis ; d’autres en portent eux-mêmes ; et d’autres en louent des officiers du roi, qui sont établis dans ce lieu pour l’entretien de l’ordre. La ville royale s’appelle Andria.

Tout le pays intérieur, depuis le cap de Monte, porte le nom de Quodja. Ces peuples