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pables de durer fort long-temps. C’est le lieu où les grands et les riches passent la plus grande partie de leur temps à demi couchés, et la tête sur les genoux de leurs femmes. Dans cette posture, ils s’entretiennent, ils fument, ils boivent du vin de palmier.

Ces peuples sont moins malpropres dans leurs alimens et la manière de manger que la plupart des autres Nègres. Ils ont des plats faits d’un bois fort dur, et des bassins de cuivre étamés, qu’ils nettoient fort soigneusement. Ils emploient des broches de bois pour rôtir leur viande ; mais ils ont oublié l’art de les faire tourner, quoiqu’ils l’aient appris des Français : ils font rôtir un côté de la viande, après quoi ils la tournent pour faire rôtir l’autre.

Le langage des Nègres change un peu à mesure qu’on avance au long de la côte. Leur langue, comme on peut se l’imaginer, n’est formée que d’un petit nombre de mots, qui expriment les principales nécessités de la vie ; c’est du moins ce qu’on peut conclure de la taciturnité qui règne le plus souvent dans leurs fêtes, et même dans leurs assemblées. Dans leur commerce, les mêmes expressions reviennent souvent, et leurs chansons ne sont qu’une répétition continuelle de cinq ou six mots.

Les peuples du cap Mesurado sont fort jaloux de leurs femmes. Cette délicatesse ne regarde point leurs filles, auxquelles ils laissent au contraire la liberté de disposer d’elles-mê-