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balança point à tenter l’entreprise ; mais, au moment de l’exécution, il ne put engager qu’un seul Nègre à se joindre à ses cinq compagnons. S’étant rendu au gaillard d’avant, il y trouva trois matelots endormis, dont il tua d’abord les deux premiers d’un seul coup sur la tempe. Le troisième fut éveillé par le bruit ; mais Tomba ne réussit pas moins à le tuer de la même manière. Cependant quelques Anglais qui n’étaient pas éloignés prirent l’alarme, et la communiquèrent bientôt sur tout le bord. Harding, paraissant avec une hache à la main, fendit la tête à Tomba d’un seul coup et fit charger de fers les cinq autres complices.

Leur traitement est remarquable. Des cinq esclaves, les deux plus vigoureux, et par conséquent les plus précieux pour l’avarice, en furent quittes pour le fouet et quelques scarifications. Les trois autres, qui étaient d’une constitution fort faible, et qui n’avaient eu part à l’action que par le consentement, subirent une mort cruelle, après avoir été contraints de manger le cœur et le foie de leur chef. La femme fut suspendue par les pouces, fouettée et déchirée de coups à la vue de tous les autres esclaves, jusqu’au dernier soupir, qu’elle rendit au milieu des tourmens. Il est difficile de justifier ces barbaries autrement que par le droit du plus fort, qui, de tous les droits, est le plus généralement reconnu d’un bout du monde à l’autre. Les Nègres peuvent