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parément, et leurs loges sont nettoyées soigneusement tous les jours. Avec ces attentions, qui doivent être soutenues constamment, Snelgrave a reconnu qu’un capitaine bien disposé conduit facilement la plus grande cargaison de Nègres.

La première sédition dont Snelgrave ait été témoin arriva dans son premier voyage, en 1704, sur l’Aigle de Londres, commandé par son père. Ils avaient à bord quatre cents Nègres du vieux Callabar ; leur bâtiment était encore dans la rivière de ce nom ; et de vingt-deux blancs qui restaient capables de service, un grand nombre ayant péri, et le reste étant accablé de maladies, il s’en trouvait douze absens pour faire la provision d’eau et de bois. Les Nègres remarquèrent fort bien toutes ces circonstances, et concertèrent ensemble les moyens d’en profiter. La sédition commença immédiatement avant le souper ; mais comme ils étaient encore liés deux à deux, et qu’on avait eu soin d’examiner leurs fers soir et matin, les Anglais durent leur salut à cette sage précaution. La garde n’était composée que de trois blanc armés de coutelas ; un des trois, qui était sur le gaillard d’avant, aperçut plusieurs Nègres qui, s’étant approchés du contremaître, se saisissaient de lui pour le précipiter dans les flots : il fondit sur eux, et leur fit quitter prise ; mais, tandis que le contre-maître courut à ses armes, son défenseur fut saisi lui-même, et serré de si près, qu’il ne put se servir