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sujets, il n’était grand roi que de nom. En second lieu, sous prétexte de vouloir repeupler ses états, il avait promis à tous les anciens habitans qui retourneraient dans leur patrie la liberté d’y jouir de tous leurs priviléges, en lui payant un certain tribut. Cette espérance en avait ramené plusieurs milliers dans le royaume d’Ardra. Mais, soit qu’il n’eût pensé qu’à les tromper, soit que l’ardeur du gain lui fit oublier ses propres vues, à peine eurent-ils commencé à s’établir, que, par une noire trahison, il fondit sur eux, et prit ou tua tous ceux qui ne purent se sauver par la fuite. Cette dévastation ruina presque entièrement le royaume de Juida.

Testesole, n’espérant plus de réconciliation avec le roi de Dahomay, cessa de garder des ménagemens, et porta l’insulte jusqu’à faire donner des coups de fouet à l’un de ses principaux officiers. Aux plaintes que le Nègre fit de cette indignité il répondit que sa résolution était de traiter le roi de même, lorsqu’il tomberait entre ses mains. Un outrage si sanglant et le discours qui l’avait suivi furent rapportés à ce prince, qui, dans l’étonnement de cette conduite, dit avec beaucoup de modération : « Il faut que cet homme ait un fonds de haine naturelle contre moi, car autrement il ne pourrait avoir sitôt oublié les bontés que j’ai eues pour lui. »

Cependant il donna ordre à ses gens d’employer l’adresse pour se saisir de lui, et l’oc-