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sortes d’efforts pour les arrêter, jusqu’à tourner contre eux sa lance et blesser au visage tous ceux qu’il rencontrait dans sa fureur. Les femmes des Dahomays, profitant de la consternation pour s’avancer avec beaucoup d’audace, il n’eut d’autre ressource que de se précipiter dans le fossé du fort anglais, qu’il traversa par le secours de ses deux fils ; et, montant par-dessus le mur, il se déroba heureusement à la poursuite de ses ennemis. Mais une grande partie de ses gens périt par la main des femmes, et la plupart des autres furent faits prisonniers.

Cet événement jeta le gouverneur anglais dans quelque embarras. Cependant il persuada au roi fugitif de quitter le fort dès la même nuit, et de retourner dans ses îles désertes et stériles. Mais le roi de Dahomay n’apprit pas moins que c’était lui qui avait suscité la révolte ; son ressentiment fut égal à l’injure. Il laissa une petite armée à Sabi, et, retournant dans ses états, il fit un accueil si favorable à tous les brigands de diverses nations qui voulurent entrer dans ses troupes, que, dans l’espace de quelques mois, il se trouva aussi puissant qu’à l’arrivée des Yos. Mais, malgré son habileté qui lui donnait beaucoup d’avantage sur tous les princes nègres, il avait commis deux fautes irréparables. Quoiqu’il se trouvât le maître absolu d’un pays immense, ses ravages et ses cruautés en avaient détruit ou chassé tous les habitans. Ainsi, manquant de