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étaient debout derrière sa chaise, lui dérobaient de temps en temps sur son assiette un morceau de jambon ou de volaille. Snelgrave, qui s’en était aperçu, lui dit que les vivres ne leur manqueraient pas, et que ce n’était pas l’usage en Europe de laisser partir affamés les gens de ceux qu’on invitait à dîner : cet usage est changé. Alors les Nègres prirent confiance à cette promesse. On but beaucoup après le festin ; et de plusieurs sortes de liqueurs, le grand capitaine donna la préférence au punch.

Malgré les louanges que Snelgrave donne au conquérant nègre, ce qu’il raconte dans la relation d’un second voyage qu’il fit deux ans après à Iakin, prouve que, si ce barbare avait plus d’astuce et de fermeté que ses compatriotes, il était encore éloigné des principes d’une saine politique.

Ce prince ayant conquis en peu d’années et ravagé divers pays, on a déjà remarqué que les fils du roi d’Ouymey, et plusieurs autres princes dont il avait fait décapiter les pères s’étaient retirés fort loin dans les terres, sous la protection des Yos, nation puissante et guerrière. Après la défaite d’Ossous, le roi de Juida trouva le moyen d’implorer le secours du roi des Yos ; et les sollicitations des autres princes se joignant aux siennes, ils obtinrent de ce grand monarque une armée considérable pour fondre ensemble sur le roi de Dahomay, qui était regardé comme l’ennemi et le destructeur du genre humain. Les Yos, ne combattant