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l’âge et l’expérience leur faisant supposer plus de sagesse et de lumières qu’aux jeunes gens, on craignait que, s’ils étaient conservés, ils ne formassent des complots contre leurs vainqueurs, et qu’ayant été les chefs de leur nation, ils ne pussent jamais s’accoutumer à l’esclavage. Il ajouta qu’à cet âge d’ailleurs les Européens ne seraient pas fort empressés à les acheter, et qu’à l’égard des jeunes gens qui se trouvaient au nombre des victimes, c’était pour servir dans l’autre monde, les femmes du roi que les Teffos avaient massacrées.

Snelgrave concluant, d’après cette dernière explication, que les Dahomays avaient quelque idée d’un état futur, demanda au colonel quelle opinion il se formait de Dieu. Il n’en tira qu’une réponse confuse, mais dont il crut pouvoir recueillir que ces barbares reconnaissent un dieu invisible qui les protége, et qui est subordonné à quelque autre dieu plus puissant. « Ce grand dieu, lui dit le colonel, est peut-être celui qui a communiqué aux blancs tant d’avantages extraordinaires. » « Mais, puisqu’il ne lui a pas plu de se faire connaître à nous, nous nous contentons, ajouta-t-il, de celui que nous adorons. »

Le lendemain , Snelgrave vit le frère du prince d’Iakin qui avait obtenu la permission de paraître devant le roi, et qui revenait charmé de cette faveur. Il avait été traité si humainement, qu’il ne lui restait aucune crainte d’être mangé par les Dahomays ; mais il paraissait