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qu’il était impossible de résister à des cannibales dont il fallait s’attendre à devenir la pâture ; et leur ayant répliqué qu’il importait peu après la mort d’être dévorés par des hommes ou par des vautours, qui sont en grand nombre dans le pays, ils secouèrent les épaules, en frémissant de la seule pensée d’être mangés par des créatures de leur espèce, et protestant qu’ils redoutaient moins toute autre mort. Le frère du prince d’Iakin paraissait inquiet pour sa propre sûreté, parce qu’il n’avait point été reçu à l’audience du roi ; mais Snelgrave et le capitaine hollandais obtinrent du chef des prêtres la liberté d’assister à la cérémonie. Elle fut exécutée sur quatre petits échafauds, élevés d’environ cinq pieds au-dessus de la terre. La première victime fut un beau Nègre de cinquante ou soixante ans, qui parut les mains liées derrière le dos. Il se présenta d’un air ferme et sans aucune marque de douleur ou de crainte. Un prêtre dahomay le retint quelques momens debout près de l’échafaud, et prononça sur lui quelques paroles mystérieuses : ensuite il fit un signe à l’exécuteur qui était derrière la victime, et qui, d’un seul coup de sabre, sépara la tête du corps. Toute l’assemblée poussa un grand cri. La tête fut jetée sur l’échafaud ; mais le corps, après avoir été quelque temps à terre pour laisser au sang le temps de couler, fut emporté par des esclaves, et jeté dans un lieu voisin du camp. L’interprète dit à Snelgrave que la