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Snelgrave passa trois jours sur le rivage de Juida avec les Français et les Anglais des deux comptoirs, qui lui parurent fort embarrassés des circonstances. Il les quitta pour se rendre à Iakin, qui n’en est qu’à sept lieues à l’est, quoiqu’il y ait au moins trente milles de côtes. Cette rade a toujours servi de port de mer au royaume d’Ardra. Elle est gouvernée par un prince héréditaire qui paie à cette couronne un tribut de sel. Lorsque le roi de Dahomay s’était rendu maître d’Ardra, ce gouverneur l’avait fait assurer de sa soumission, avec offre de lui payer le même tribut qu’au roi précédent. Cette conduite fut fort approuvée de Trouro Audali, et la sienne fait connaître quelle était sa politique. Quelques ravages qu’il eût exercés dans les pays qu’il avait subjugués, il jugea qu’après s’être ouvert jusqu’à la mer le passage qu’il désirait, il pourrait tirer quelque utilité des Iakins, qui entendaient fort bien le commerce, et que par cette voie il ne manquerait jamais d’armes et de poudre pour assurer ses conquêtes. D’ailleurs cette nation avait toujours été rivale des Juidas dans le commerce, et leur portait une haine invétérée depuis qu’ils avaient attiré dans leur pays tout le commerce d’Iakin ; car les agrémens de Sabi et la douceur de l’ancien gouvernement avaient porté les Européens à fixer leurs établissement dans cette ville.

Le lendemain, il vint un messager nègre, nommé Boutteno, qui dit à Snelgrave, en fort