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lier. Ils les soulevaient par le milieu du corps eu leur disant : « Si vous êtes des dieux, parlez et, tâchez de vous défendre. » Ces pauvres animaux demeurant sans réponse, les Dahomays les éventraient et les faisaient griller sur des charbons pour les manger.

La politique de Dahomay alla jusqu’à faire déclarer aux Européens qui résidaient alors dans le royaume de Juida que, s’ils voulaient demeurer neutres, ils n’avaient rien à craindre de ses armes, et qu’il promettait au contraire d’abolir les impôts que le roi de Juida mettait sur leur commerce ; mais que, s’ils prenaient parti contre lui, ils devaient s’attendre aux plus cruels effets de son ressentiment. Cette déclaration les mit dans un extrême embarras. Ils étaient portés à se retirer dans leurs forts, qui sont à trois milles de Sabi, du côté de la mer, pour y attendre l’événement de la guerre. Mais, craignant aussi d’irriter le roi de Juida, qui pouvait les accuser d’avoir découragé ses sujets par leur fuite, ils se déterminèrent à demeurer dans la ville.

Trouro Audati n’eut pas plus tôt reconnu que les habitans de Sabi laissaient la garde de la rivière aux serpens, qu’il détacha deux cents hommes, pour sonder les passages ; ils gagnèrent l’autre rive sans opposition, et marchèrent immédiatement vers la ville au son de leurs instrumens militaires. Le roi de Juida, informé de leur approche, prit aussitôt la fuite