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Ils savent tanner les peaux ou les cuirs. Leurs pelletiers exercent aussi le métier de tailleur, et ne manquent point d’adresse dans leur profession : un os d’oiseau leur sert d’aiguille. Leur fil est le petit nerf qui règne le long de l’épine du dos des bêtes, divisé et séché au soleil. Avec cet unique secours, ils emploient moins de temps à faire leurs krosses ou leurs mantes, et les font peut-être mieux que nos plus habiles tailleurs.

Les Hottentots ont des artistes ou des ouvriers en ivoire qui font les bracelets et les anneaux dont ils composent leur parure. Quoique ce travail soit fort ennuyeux, parce qu’ils n’ont pas d’autre instrument qu’un couteau, ils donnent à leur ouvrage une rondeur, un luisant, un poli qui le feraient attribuer au plus habile tourneur de l’Europe.

Tous les Hottentots sont potiers de profession, car chaque famille fait sa poterie et ses autres ustensiles de terre. Leur matière est une sorte de terre glaise dont les fourmis composent leurs habitations, et qu’ils ne tirent en effet que de leurs nids, en y mêlant les œufs des fourmis qu’ils y trouvent dispersés ; ensuite ils la tournent sur une pierre comme un pâté : ils unissent parfaitement le dedans et le dehors avec la main, et donnent à leur vase la forme de l’urne romaine, qui est celle de tous les pots de la nation. Deux jours d’exposition au soleil suffisent pour le sécher. L’ouvrier le sépare alors de la pierre avec un nerf sec qu’il