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les peuples de l’Asie emploient les éléphans. Ces animaux belliqueux leur rendent d’importans services contre les voleurs et les bêtes féroces. Au moindre signe, ils rappellent les autres bestiaux qui s’écartent, et les forcent, comme nos chiens de bergers, de rentrer dans le cercle du troupeau. Il n’y a point de kraal qui n’ait au moins une demi-douzaine de ces fidèles défenseurs. Ils connaissent tous les habitans de leurs villages. Ils ont pour eux une sorte de respect, tel que celui des chiens pour les amis de leur maître. Mais un étranger qui se présenterait sans être accompagné d’un Hottentot du kraal courrait risque d’être fort maltraité, s’il n’avait la précaution d’épouvanter les bakkeleyers en sifflant, ou par la décharge de quelque arme à feu.

Ils ont aussi des bœufs de voiture, qu’ils accoutument de bonne heure à cet exercice en leur faisant passer au travers de la lèvre supérieure, entre les deux narines, un bâton terminé en crochet, pour empêcher qu’il ne glisse. Si l’animal est indocile, ils se servent de ce frein pour lui faire baisser la tête, et la force de la douleur l’assujettit en peu de jours. On ne saurait voir sans admiration avec quelle promptitude il obéit au commandement. La crainte du bâton terrible rend sa diligence et son attention surprenantes. Les bœufs de charge sont en beaucoup plus grand nombre que les bakkeleyers, et servent à porter toutes sortes de fardeaux.