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habitans d’un village sortent ensemble, soit pour attaquer quelque bête féroce qui ravage leurs troupeaux, soit pour leur seul amusement. S’ils veulent tuer un éléphant, un rhinocéros, un élan ou un âne sauvage, ils l’environnent et l’attaquent avec leurs zagaies. Leur adresse consiste à ménager si bien leurs coups, que l’un ou l’autre frappent toujours l’animal par-derrière, et dès qu’il se tourne vers celui qui l’a frappé, ils le font tomber couvert de blessures avant qu’il ait pu distinguer ceux qui le frappent. Ils réussissent de même à tuer les lions et les panthères, en se garantissant de la fureur de ces animaux par leur agilité. Le monstre s’élance quelquefois si impétueusement, et le coup de sa griffe paraît si sûr, qu’on tremble pour le chasseur, et qu’on s’attend à le voir aussitôt en pièces ; mais on est surpris de se trouver trompé. Dans un clin d’œil il échappe au danger, et l’animal décharge toute sa rage contre terre. Au même instant il est couvert de blessures par-derrière. Il se tourne, il se précipite sur un autre ennemi, mais toujours en vain ; il rugit, il écume, il se roule de fureur. La promptitude des chasseurs est égale à se garantir de ses griffes, et à s’entr’aider par de nouveaux coups avec autant de vitesse que de résolution. C’est un spectacle dont on ne trouve d’exemple dans aucun autre pays, et qu’on ne saurait voir sans admiration. Si l’animal ne perd pas bientôt la vie, il prend enfin la fuite, en s’aperce-