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dans le cours des autres mois, on voit pendre au sommet de cette montagne et de celle du Diable une nuée blanche, qu’on regarde comme la cause des terribles vents sud-est qui se font sentir au Cap. Lorsque les matelots aperçoivent cette nuée, ils disent, comme en proverbe, la table est couverte, ou la nappe est sur la table. Aussitôt ils se mettent à l’ouvrage pour se garantir de la tempête.

La montagne du Lion, qui n’est séparée de la Table que par une petite descente, regarde l’ouest et le centre de la vallée, en s’étendant au nord ; elle est baignée par l’Océan. Quelques-uns prétendent qu’elle a tiré son nom de la multitude des lions auxquels elle servait autrefois de retraite. D’autres le tirent de sa forme, qui représente du côté de la mer un lion couché, et la tête levée, comme s’il guettait sa proie ; la tête et les pieds de devant regardent le sud-ouest, et le derrière est tourné à l’est. Dans l’intervalle qui est entre cette montagne et celle de la Table on a bâti une cabane où deux hommes font la garde pour donner avis à la forteresse du Cap de l’approche des vaisseaux. Du sommet de la montagne du Lion, qui est si escarpée qu’on est obligé de faire une partie du chemin avec des échelles de corde, on peut découvrir en mer le plus petit bâtiment à douze lieues de distance. Aussitôt que l’un des deux gardes aperçoit un vaisseau, de ce poste il avertit l’autre par le mouvement d’un bâton, et celui-ci donne