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épuiser sa fureur. Ensuite leur général met pendant la nuit, une partie de ses troupes en embuscade, à quelque distance du camp ; et si l’attaque est renouvelée le lendemain, l’ennemi, pressé furieusement de deux côtés, se défend mal contre l’artifice et la force ; ils ne pensent plus, alors qu’à ravager le pays.

Leurs femmes sont fécondes ; mais, dans leurs marches, les Diaggas ne souffrent pas qu’elles multiplient, et leurs enfans sont ensevelis au moment qu’ils voient le jour. Ainsi ces guerriers errans meurent ordinairement sans postérité ; ils apportent pour raison de leur conduite qu’ils ne veulent pas être troublés par le soin d’élever des enfans, ni retardés dans leurs marches ; mais s’ils prennent quelques villes, ils conservent les garçons et les filles de douze à treize ans, comme s’ils étaient nés d’eux, tandis qu’ils tuent les pères et les mères pour les manger. Ils traînent cette jeunesse dans leurs courses, après leur avoir mis un collier, qui est la marque de leur malheur, et que les garçons doivent porter jusqu’à ce qu’ils aient prouvé leur courage en offrant la tête d’un ennemi au général. Cette marque de leur infamie disparaît alors. Le jeune homme est déclaré gonso, c’est-à-dire soldat. Rien n’a tant de force que cette espérance pour échauffer leur courage. En général, ce peuple semble être un composé de la grossièreté des anciens peuples nomades et de la férocité des flibustiers.