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mais c’est pour le remettre tranquillement à terre. Il aime les rivières et les lacs, surtout vers le temps de midi, pour se désaltérer ou se rafraîchir : il se met dans l’eau jusqu’au ventre, et se lave le reste du corps avec l’eau qu’il prend dans sa trompe. Lopez est persuadé que c’est la multitude des étangs et des pâturages qui attire un si grand nombre d’éléphans dans le royaume de Congo. Il se souvient, dit-il, d’en avoir vu plus de cent dans une seule troupe, entre Cazanze et Loanda ; car ils aiment à marcher en compagnie, et les jeunes surtout vont toujours à la suite des vieux.

Avant l’arrivée des Portugais, les Nègres de Congo ne faisaient aucun cas des dents d’éléphans. Ils en conservaient un grand nombre depuis plusieurs siècles, mais sans les mettre au rang de leurs marchandises de commerce. De là vient que les vaisseaux de l’Europe en apportèrent une si prodigieuse quantité de Congo et d’Angole jusqu’au milieu du dernier siècle. Mais ils épuisèrent enfin le pays, et les habitans sont obligés aujourd’hui d’avoir recours aux autres contrées pour en fournir au commerce de l’Europe.

Les peuples de Bamba n’ont jamais eu l’art d’apprivoiser les éléphans ; mais ils entendent fort bien la manière de les prendre en vie. Leur méthode est d’ouvrir, dans les lieux que ces animaux fréquentent, de larges fossés qui vont en se rétrécissant vers le fond ; ils les couvrent de branches d’arbres et de gazon qui cachent