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Les éléphans ont à la queue une sorte de poil ou de soie de l’épaisseur d’un jonc et d’un noir fort brillant. La force et la beauté de ce poil augmentent avec l’âge de l’animal. Un seul se vend quelquefois deux ou trois esclaves, parce que les seigneurs et les femmes sont passionnés pour cet ornement. Tous les efforts d’un homme avec les deux mains ne peuvent le briser. Quantité de Nègres se hasardent à couper la queuie de l’éléphant, dans la seule vue de se procurer ces poils. Ils le surprennent quelquefois tandis qu’il monte par quelque passage étroit dans lequel il ne peut se tourner ni se venger avec sa trompe. D’autres, beaucoup plus hardis, prennent le temps où ils le voient paître, lui coupent la queue d’un seul coup, et se garantissent de sa fureur par des mouvemens circulaires que la pesanteur de l’animal et la difficulté qu’il trouve à se tourner ne lui permettent pas de faire avec la même vitesse ; cependant, comme on l’a déjà dit, il court plus vite en droite ligne que le cheval le plus léger, parce que ses pas sont beaucoup plus grands.

L’éléphant est d’un naturel fort doux et peu inquiet pour sa sûreté, parce qu’il se repose sur sa forcer. S’il ne craint rien, il ne cherche pas non plus à nuire. Il s’approche des maisons sans y causer aucun désordre ; il ne fait aucune attention aux hommes qu’il rencontre. Quelquefois il enlève un Nègre avec sa trompe et le tient suspendu pendant quelques momens ;