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précédentes, à lire sans étonnement que l’Afrique produit des arbres d’une hauteur et d’une grosseur si démesurées, qu’un seul fournit à la construction d’un grand nombre de maisons et de pirogues. Celui qui tient le premier rang est le figuier des Indes ou ensaka. Il s’en trouve plusieurs dans l’île de Loanda. Il a déjà été question de cet arbre. Il paraît en effet que, depuis le Sénégal jusqu’au Congo, le règne végétal présente une uniformité extraordinaire.

Toutes les parties du royaume de Congo produisent beaucoup d’arbres fruitiers. Dans la province de Pemba, le plus grand nombre des habitans se nourrit de fruits. Les citrons, les limons, les bananes, et surtout les oranges, y sont en abondance. Elles rendent beaucoup de jus, sans être aigres ni douces, et leur usage n’est jamais nuisible. Pour faire juger de la fertilité du pays, Lopez rapporte que pendant l’espace de quatre jours il vit croître assez haut un petit citronnier d’un pepin qu’il avait planté.

Le plus surprenant de tous les arbres de Congo est le mignamigna, qui produit du poison d’un côté, et l’antidote de l’autre. Si l’on est empoisonné par le bois ou par le fruit, les feuilles servent de contre-poison. Au contraire, si ion a pris du poison par les feuilles, il faut avoir recours au bois ou au fruit : c’est encore une de ces fables si fréquentes chez les anciens voyageurs. On en va lire de plus absurdes.

Mérolla, après avoir observé que ces régions offrent une variété surprenante de toutes