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remplie de beaux édifices, mais sans murs et sans fortifications, à la réserve de quelques petits forts élevés sur le rivage pour la sûreté du port. Les maisons des blancs sont de pierre et couvertes de tuiles. Celles des Nègres ne sont que de bois et de paille. L’évêque d’Angole et de Congo y fait sa résidence à la tête d’un chapitre de neuf ou dix chanoines.

La ville est habitée par trois mille blancs et par un nombre prodigieux de Nègres qui servent les blancs en qualité d’esclaves, ou de domestiques libres. Il est commun pour un Portugais de Loanda d’avoir cinquante esclaves à son service ; les plus riches en ont deux ou trois cents, et quelques-uns jusqu’à trois mille ; c’est en quoi consiste leur richesse, parce que tous ces Nègres, étant propres à quelque travail, s’occupent suivant leur profession, et qu’outre, la dépense de leur entretien qu’ils épargnent à leur maître, ils lui apportent chaque jour le fruit de leur travail mais, à l’exception de Massangano et de quelques autres places intérieures, les Portugais ne possèdent rien au delà des côtes.

Le nombre des mulâtres est fort grand : ils portent une haine mortelle aux Nègres, sans en excepter leur mère négresse, et toute leur ambition consiste à se mettre dans une certaine égalité avec les blancs ; mais, loin d’obtenir cette grâce, ils n’ont pas même la liberté de paraître assis devant eux.

Les enfans que les Portugais ont de leurs