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de même à son retour jusqu’à la porte du palais ; mais c’est la seule occasion où ce devoir leur soit imposé.

Parmi les moyens qu’emploie le monarque pour suppléer par des rapines à la modicité de ses revenus, on en raconte un bien bizarre, si quelque chose peut le paraître dans un despote. Lorsqu’il sort en bonnet blanc avec les seigneurs de son cortége, il se fait quelquefois apporter un chapeau dans sa marche, et s’en sert quelques momens ; ensuite, redemandant son bonnet, il le met si négligemment, qu’il peut-être abattu par le moindre vent. S’il tombe en effet, les seigneurs s’empressent pour le ramasser ; mais le roi, offensé de cette disgrâce, refuse de le recevoir, et retourne au palais fort mécontent. Le lendemain il fait partir deux ou trois cents soldats, avec ordre de lever sur le peuple une grosse imposition ; ainsi l’état est menacé d’un grand malheur quand le roi a mis son bonnet de travers.

Il peut lever, dit-on, des armées innombrables et les mettre en campagne. Carli et d’autres voyageurs racontent qu’un roi de Congo marcha contre les Portugais à la tête de neuf cent mille hommes. On aurait cru qu’il se proposait la conquête de l’univers ; cependant il n’avait à combattre que trois ou quatre cents mousquetaires portugais, qui n’avaient pour armes, avec leurs fusils, que deux pièces de campagne ; mais, les ayant chargées a cartouche, l’exécution qu’elles firent dans les pre-