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nuit, et s’assemblent en fort grand nombre. Leur posture favorite est d’être assis en rond ; mais ils choisissent quelque arbre épais, sous lequel ils se placent sur l’herbe. Le centre du cercle est occupé par un grand plat de bois qui contient quelque mélange de leur goût. L’ancien de la troupe, qu’ils appellent makolontou, divise les portions, et les distribue avec une égalité qui ne laisse aucun sujet de plainte. Ils n’emploient pour boire ni verres ni tasses. Le makolontou prend le flacon qu’ils appellent moringo, le porte successivement à la bouche de tous les convives, laisse boire à chacun la mesure qu’il juge convenable, et le remet à sa place. Cette méthode s’observe jusqu’au dernier moment de la fête.

Mais ce qui parut beaucoup plus surprenant à Mérolla, il ne passait personne près de l’assemblée qui ne se plaçât sans façon dans le cercle, et qui ne reçût sa portion comme les autres, quoiqu’il fût arrivé après la distribution. Le makolontou prenait sur chaque part de quoi composer celle de l’étranger. On apprit à Mérolia que cette cérémonie ne s’observe pas moins quand les passans se présentent en plus grand nombre. Ils se lèvent aussitôt que le plat est vide, et continuent leur chemin sans prendre congé de l’assemblée et sans dire un mot de remercîment. Les voyageurs profitent de ces rencontres pour ménager leurs propres provisions. Il n’est pas moins étrange que l’assemblée ne fasse pas la moin-