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par la violence ; car sa majesté entretient plus de deux mille femmes, avec plus de splendeur qu’aucun roi nègre. Elles n’ont pas d’autre occupation que de le servir dans son palais, qui paraît aussi grand qu’une petite ville. On les voit en troupes de cent soixante et deux cents aller chercher de l’eau dans de petits vases, vêtues tantôt de riches corsets de soie, tantôt de robes d’écarlate, avec de grands colliers de corail qui leur font deux ou trois fois le tour du cou. Leurs conducteurs ont des vestes de velours vert, bleu, cramoisi, et des masses d’argent doré à la main, qui leur tiennent lieu de cannes. Lorsque j’arrivai dans ce pays, le Portugais avait une fille mulâtre que le roi traitait avec beaucoup de considération, et qu’il comblait de présens. Il lui avait donné deux femmes et une jeune fille pour la servir ; mais, étant morte de la petite-vérole, il souhaite passionnément d’en avoir une autre. Je lui ai entendu dire plusieurs fois qu’aucun blanc ne manquerait jamais près de lui de ce qui peut s’acheter avec de l’or. Il traite aussi très-favorablement les Nègres étrangers ; et ses bontés éclatent tous les jours pour quelques Malais qui sont actuellement ici.

» La situation du pays le rend fort sain. Il est élevé, et par conséquent rafraîchi tous les jours par des vents agréables. La vue en est charmante : elle s’étend jusqu’au grand Popo, qui est fort éloigné ; on n’y est point incommodé des mousquites.