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d’une sorte de pouvoir que leur donnaient leurs missionnaires ; et même les petits souverains du pays, dépendons du roi de Congo, ont pris des noms portugais, et les titres des dignités d’Europe, comme ceux de comtes, de ducs, etc. D’ailleurs les Européens ont toujours un grand avantage dans ces contrées, en se mêlant dans les guerres des nationaux, et faisant payer leurs services ; ils y ont même tenté quelquefois des conquêtes ; mais ils n’y ont pas souvent réussi. Les Portugais y ont même essuyé de cruelles disgrâces.

Vers l’année 1680, ils étaient établis à Angola. Ils entreprirent la conquête de la province de Sogno. Mérolla rapporte qu’un roi de Congo, voulant se faire couronner, eut recours à l’assistance des Portugais, et leur promit le comté de Sogno, avec deux mines d’or, qui n’eurent pas moins de force pour les engager dans ses intérêts. Ils assemblèrent immédiatement toutes leurs forces. Le roi leva, de son côté, de nombreuses troupes, auxquelles il joignit une compagnie de diaggas. Les deux armées s’étant réunies, marchèrent ensemble vers Sogno. Elles n’y trouvèrent pas le comte sans défense. Il avait eu le temps de rassembler un prodigieux nombre de ses sujets, et son courage le fit marcher au-devant de l’ennemi. Mais la plupart de ses gens manquant d’armes à feu, et n’étant point accoutumés à la manière de combattre des Européens, il perdit la vie dans une bataille sanglante, après avoir vu