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la reine Zinga, informée de ses doutes, l’invita un jour à la pêche. À peine eut-on jeté les filets, qu’on découvrit sur la surface de l’eau trois de ces poissons monstrueux. Il fut impossible d’en prendre plus d’un. C’était une femelle. La couleur de sa peau était noire ; ses cheveux longs et de la même couleur ; ses ongles d’une longueur singulière. Mérolla conjecture qu’ils lui servaient à nager. Elle ne vécut que vingt-quatre heures hors de l’eau ; et, dans cet intervalle, elle refusa toute sorte de nourriture. Si cette espèce de monstre existe, c’est elle qui a servi de fondement aux contes arabes sur ce qu’ils appellent l’homme de la mer.

Lopez, qui passa plusieurs années au Congo, donne vingt-huit milles de largeur à l’embouchure de ce fleuve. Il entre avec tant d’impétuosité dans l’Océan, qu’à trente ou quarante milles de la terre, ses eaux se conservent fraîches ; cependant il n’est navigable que dans l’espace d’environ vingt-cinq lieues, au delà desquelles, étant resserré par des rochers, il tombe avec un bruit épouvantable qui se fait entendre à sept ou huit milles. Les Portugais ont donné à ce lieu le nom de cachivera, c’est-à-dire chute ou cataracte.

Les Portugais et les Hollandais se sont procuré des établissemens dans le Congo, où ils ont fait le commerce, et où quelquefois ils ont porté la guerre, comme ont fait partout les Européens. Les Portugais ont joui long-temps