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geur qui raconte ces cérémonies ne doute pas que ce ne soit une manière solennelle de se donner au diable. Ce qu’on doit observer, c’est que l’espèce d’hommes qu’on nomme convulsionnaires, énergumènes, démoniaques, joue à peu près les mêmes farces chez tous les peuples barbares. Faut-il que des nations policées aient à rougir d’avoir vu chez elles les mêmes extravagances !

Il paraît que les peuples de Loango sont les plus superstitieux de toute l’Afrique. En voyageant pour le commerce, ils portent dans une marche de quarante ou cinquante milles un sac rempli de misérables reliques, qui pèsent quelquefois dix ou douze livres. Quoique ce poids, joint à leur charge, soit capable d’épuiser leurs forces, ils ne veulent pas convenir qu’ils en ressentent la moindre fatigue ; au contraire, ils assurent que ce précieux fardeau sert à les rendre plus légers.

Le royaume de Congo n’a pas de plus belle et de plus grande rivière que celle de Zaïre. Cette fameuse rivière tire, dit-on, ses eaux du lac de Zambré. On voit dans ce grand lac plusieurs sortes de monstres, entre lesquels (si on en croit le missionnaire Mérolla) il s’en trouve un de figure humaine, sans autre exception que celle du langage et de la raison. Le P. François de Paris, missionnaire capucin, qui faisait sa résidence dans le pays de Matomba, rejetait toutes ces histoires de monstres comme autant de fictions des Nègres ; mais