Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 3.djvu/291

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que les prêtres, mokissos, comme on l’a déjà vu. Les Nègres se font instruire par les prêtres dans l’art de faire des mokissos. Lorsqu’un particulier se croit obligé de créer une nouvelle divinité, il assemble tous ses amis et tous ses voisins. Il demande leur assistance pour bâtir une hutte de branches de palmier, dans laquelle il se renferme pendant quinze jours, dont il doit passer neuf sans parler ; et pour mieux garder le silence, il porte deux plumes de perroquet aux deux coins de la bouche. Si quelqu’un le salue, au lieu de battre les mains suivant l’usage, il frappe d’un petit bâton sur un bloc qu’il tient sur ses genoux, et sur lequel est gravée la figure d’une tête d’homme.

Au bout de quinze jours, toute l’assemblée se rend dans un lieu plat et uni, où il ne croît aucun arbre, avec un dembé ou un tambour autour duquel on trace un cercle. Le tambour commence à battre et à chanter. Lorsqu’il paraît bien échauffé de cet exercice, le prêtre donne le signal de la danse, et tout le monde, à son exemple, se met à danser en chantant les louanges des mokissos. L’adorateur entre en danse aussitôt que les autres ont fini, et continue pendant deux ou trois jours, au son du même tambour, sans autre interruption que celle des besoins indispensables de la nature, tels que la nourriture et le sommeil. Enfin le prêtre reparaît au bout du terme, et, poussant des cris furieux, il prononce des paroles mystérieuses ; il fait de temps en temps