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jours seul, il lui arrive quelquefois de boire en compagnie ; mais ceux qui lui présentent la coupe tournent aussitôt le visage contre terre jusqu’à ce qu’il ait cessé de boire. Si ses courtisans boivent dans la même salle, ils sont obligés de tourner le dos pendant qu’ils ont le verre à la bouche. Il n’est permis à personne de boire dans le verre dont le roi s’est servi, ni de toucher aux alimens dont il a goûté. Tout ce qui sort de sa table doit être enterré sur-le-champ. Que d’extravagance et de barbarie ! et, quand l’homme est fait ainsi, est-il un plus odieux et plus méprisable animal ?

Il y a des crieurs publics dont l’office est de proclamer les ordres du roi dans la ville, et de publier ce qu’on a perdu ou trouvé. Battel parle d’une sonnette du roi, qui ressemble à celles des vaches de l’Europe, et dont le son est si redoutable aux voleurs, qu’ils n’osent garder un moment leurs vols après l’avoir entendue. Ce voyageur, étant logé dans une petite maison à la mode du pays, avait suspendu son fusil au mur. Il lui fut enlevé dans son absence. Sur ses plaintes, le roi fit sonner la cloche, et dès le matin du jour suivant le fusil se trouva devant la porte de Battel.

Vis-à-vis le trône du roi sont assis quelques nains, le dos tourné vers lui. Ils ont la tête d’une prodigieuse grosseur ; et, pour se rendre encore plus difformes, ils sont enveloppés dans une peau de quelque bête féroce.

Les images ou les statues s’appellent, ainsi