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Les femmes du roi n’en sont point exemptes, surtout dans les cas où leur fidélité paraît suspecte. La grossesse en est un qui favorise le plus les soupçons. Lorsqu’une femme du roi devient grosse, toute la sagesse de sa conduite n’empêche pas qu’on ne fasse avaler la bonda pour elle à quelque esclave. S’il tombe, elle est condamnée au feu, et l’adultère est enterré vif. Suivant le récit des Nègres de Loango, leur roi n’a pas moins de sept mille femmes. Il nomme entre elles une des plus graves et des plus expérimentées, qu’il honore du titre de sa mère, et qui est plus respectée que celle à qui cette qualité appartient par le droit de la nature. Cette matrone, que le peuple appelle makonda, jouit d’une autorité si distinguée, que, dans toutes les affaires d’importance, le roi est obligé de prendre ses conseils. S’il l’offense, ou s’il lui refuse ce qu’elle désire, elle a le droit de lui ôter la vie de ses propres mains. Lorsque son âge lui laisse du goût pour le plaisir, elle peut choisir l’homme qui lui plaît, et ses enfans sont comptés parmi ceux du sang royal. L’amant sur lequel tombe son choix est puni de mort, s’il est surpris avec une autre femme.

Une loi, que nous avons déjà vue ailleurs, défend sous peine de mort de regarder le roi boire ou manger. On rapporte un exemple encore plus étrange que celui que nous avons déjà cité de l’atrocité du traitement que l’on fait éprouver aux malheureux qui par hasard