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aussi blancs que les Européens. L’usage est de les présenter au roi. On les nomme dondos. Ils sont élevés dans les pratiques de la sorcellerie ; et, servant de sorciers au roi, ils l’accompagnent sans cesse. Leur état les fait respecter de tout le monde. S’ils vont au marché, ils peuvent prendre tout ce qui convient à leurs besoins. Battel en vit quatre à la cour de Loango.

Dapper s’étend un peu plus sur la nature des Nègres blancs. Il observe qu’à quelque distance ils ont une parfaite ressemblance avec les Européens : leurs yeux sont gris, et leur chevelure blonde ou rousse ; mais, en les considérant de plus près, on leur trouve la couleur d’un cadavre, et leurs yeux paraissent postiches. Ils ont la vue très-faible pendant le jour, et la prunelle tournée comme s’ils étaient bigles. La nuit, au contraire, ils ont le regard très-ferme, surtout à la clarté de la lune. Quelques Européens ont cru que la blancheur de ces Nègres est un effet de l’imagination des mères, comme on prétend que plusieurs femmes blanches ont mis des enfans noirs au monde après avoir vu des Nègres.

Les Portugais donnent à ces Maures blancs le nom d’albinos, et cherchent l’occasion de les enlever pour les transporter au Brésil. On prétend qu’ils sont d’une force extraordinaire, et par conséquent très-propres au travail ; mais que leur paresse est extrême, et qu’ils préfèrent la mort aux exercices pénibles. Les