Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 3.djvu/28

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que le roi me fait bâtir actuellement une maison dans une ville où il fait ordinairement son séjour, lorsqu’il se prépare à la guerre. Cette nouvelle faveur me jette dans une profonde mélancolie, parce qu’elle marque assez qu’on ne pense point à me rendre bientôt ma liberté.

» Si vous approuvez que je traite avec le roi pour quelques esclaves, il faut que vous en parliez à ses gens, et que vous me donniez là-dessus vos ordres ; car, pendant le séjour que je dois faire ici, je souhaite de pouvoir me rendre utile à la compagnie. Mais, dans cette supposition, vous ne devez pas oublier de m’envoyer des essais de toutes vos marchandises, avec la marque des prix, pour prévenir toutes sortes de malentendus. Sa majesté m’a pris tout le papier que j’avais encore, dans le dessein de faire un cerf-volant. Je lui ai représenté que c’est un amusement puéril ; mais il ne le désire pas moins, afin, dit-il, que nous puissions nous en amuser ensemble. Je vous prie donc de m’envoyer deux mains de papier ordinaire, avec un peu de fil retors pour cet usage ; joignez-y un peloton de mèche, parce que sa majesté m’oblige souvent de tirer ses gros canons, et que j’appréhende de perdre quelque jour la vue en me servant d’allumettes de bois. On voit ici vingt-cinq pièces de canon, dont quelques-unes pèsent plus de mille livres. On croirait qu’elles y ont été apportées par le diable, quand on considère que Juida est à plus de deux cents milles, et qu’Ardra n’est