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Leurs bois sont si remplis de singes, que le voyageur le plus intrépide n’oserait y passer sans escorte. On y trouve surtout une multitude de ces dangereux singes dont la grande espèce se nomme pongo, et la petite empko. Le port de Mayomba est à deux lieues au sud du cap Nègre, qui a tiré son nom de la noirceur apparente de ses arbres.

La ville de Mayomba consiste dans une grande rue, si proche de la mer, que les flots forcent quelquefois les habitans d’abandonner leurs maisons.

Les chasses des habitans se font avec des chiens du pays qui n’aboient point, mais qui portent au cou des crécelles de bois dont le bruit guide les chasseurs. Ils font tant de cas des chiens de l’Europe à cause de leur aboiement, que l’Anglais Battel leur en vit acheter un trente livres sterling (720 fr.).

Le territoire de Setté est situé à cinquante-cinq milles au nord de la rivière de Mayomba, et s’étend jusqu’à Gobbi. Ce pays, qui est arrosé par une rivière du même nom, produit avec une abondance extraordinaire du bois rouge et plusieurs autres sortes de bois. On en distingue deux, le kines, que les Portugais achètent, mais qui n’est pas estimé à Loango ; et le bifesse, qui est plus pesant et plus rouge : les habitans le vendent plus cher. La racine se nomme angansi abifesso. Il n’y a point de bois plus dur ni d’une couleur si foncée. Les habitans en font un grand commerce sur toute la