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Les fiadors ou viadors composent le troisième ordre : ce sont les agens du commerce avec les Européens.

Lorsqu’un seigneur nègre est élevé à un de ces trois grands postes, le roi lui donne, comme une marque insigne de faveur et de distinction, un cordon de corail, qui est l’équivalent de nos ordres de chevalerie. Cette grâce s’accorde aussi aux mercadors ou facteurs qui se sont signalés dans leur profession, aux fulladors ou intercesseurs, et aux vieillards d’une sagesse éprouvée : ceux qui l’ont reçue du souverain sont obligés de porter sans cesse leur cordon ou leur collier autour du cou, et la mort serait le châtiment infaillible de ceux qui le quitteraient un instant : on en cite un exemple frappant. Un Nègre à qui l’on avait dérobé son cardon fut conduit sur-le-champ au supplice ; le voleur, ayant étè arrêté, subit le même sort avec trois autres personnes qui avaient eu quelque connaissance du crime sans l’avoir révélé à la justice ; ainsi, pour une chaîne de corail qui ne valait pas deux sous, il en coûta la vie à cinq personnes.

Les Nègres de ce pays n’ont pas autant de penchant pour le vol que ceux des autres contrées. Le meurtre est encore plus rare que le vol : il est puni de mort. Cependant, si le meurtrier était d’une haute distinction, tel qu’un des fils du roi, ou quelque grand seigneur du premier ordre, il serait banni sur les confins du royaume, et conduit dans son exil par une