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rement des criminels condamnés à mort, et réservés pour cette solennité : l’usage en demande vingt-cinq ; s’il s’en trouve moins, les officiers du roi ont ordre de parcourir les rues de Benin pendant la nuit, et d’enlever indifféremment toutes les personnes qu’ils rencontrent sans lumière : on permet au riche de se racheter ; mais les pauvres sont immolés sans pitié, comme il le sont partout ailleurs.

L’état est composé de trois ordres, dont trois grands forment le premier. Leur principale fonction est d’être sans cesse près de la personne du roi, et de servir d’interprètes ou d’organes aux grâces qu’on lui demande et qu’il accorde. Comme ils ne lui expliquent que ce qu’ils jugent à propos, et qu’ils donnent le tour qu’il leur plaît à ses réponses, le pouvoir du gouvernement semble résider entre leurs mains.

Le second ordre de l’état est composé de ceux qui portent le titre de are de roés ou chefs des rues. Les uns dominent sur le peuple, d’autres sur les esclaves, sur les affaires militaires, sur les bestiaux, sur les fruits de la terre, etc. : on aurait peine à nommer quelque chose de connu dans la nation qui n’ait aussi son chef ou son intendant. C’est parmi les are de roés que le monarque choisit ses vices-rois ou gouverneurs de provinces ; ils sont soumis à l’autorité des trois premiers grands, comme c’est à leur recommandation qu’ils sont redevables de leurs emplois.