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pour eux, qu’un portefaix du pays, quoique pesamment chargé, se retire pour laisser le passage libre à un matelot de l’Europe. C’est un crime capital dans la nation d’outrager le moindre Européen. La punition est sévère. On arrête le coupable, on lui lie les mains derrière le dos, on lui bouche les yeux, et, lui faisant pencher la tête, on la lui abat d’un coup de hache. Le corps est partagé en quatre parties, et jeté aux bêtes féroces. Cette sévérité porte à croire qu’ils trouvent de grands avantages dans le commerce des Européens.

Ils sont très-déréglés dans leurs mœurs, et livrés à tous les excès de l’incontinence. Ils attribuent eux-mêmes ce penchant à leur vin de palmier et à la nature de leurs alimens. Ils évitent les obscénités grossières dans leurs conversations ; mais ils aiment les équivoques ; et ceux qui ont l’art d’envelopper des idées sales sous des expressions honnêtes passent pour des gens d’esprit. Ils auraient la même réputation parmi nous.

L’usage pour les deux sexes est d’être nu jusqu’au temps du mariage, à moins qu’on n’obtienne du roi le privilège de porter plus tôt des habits ; ce qui passe, pour une si grande faveur, qu’elle est célébrée dans les familles par des réjouissances et des fêtes.

Le goût de la bonne chère, est commun à toute la nation ; aussi les personnes riches n’épargnent rien pour leur table. Le bœuf, le mouton, la volaille, sont leurs mets ordinai-