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supérieure à celle du mari ; mais, au contraire, si la dignité du mari l’emporte, c’est l’adultère qui devient son esclave.

Tous les officiers de la maison du roi joignent le titre de capitaine au nom de leur emploi. Ainsi le grand-maître d’hôtel se nomme capitaine de la table ; le pourvoyeur , capitaine des vivres ; l’échanson, capitaine du vin, etc. Personne ne voit manger le roi. Il est même défendu, sous peine de mort, de le regarder lorsqu’il boit. Un officier donne le signal avec deux baguettes de fer, et tous les assistans sont obligés de se prosterner le visage contre terre. Celui qui présente la coupe doit avoir le dos tourné vers le roi, et le servir dans cette posture. On prétend que cet usage est institué pour mettre sa vie à couvert de toutes sortes de charmes et de sortiléges. Un jeune enfant, que le roi aimait beaucoup, et qui s’était endormi près de lui, eut le malheur de s’éveiller au bruit des deux baguettes, et de lever les yeux sur la coupe au moment que le roi la touchait de ses lèpres. Le grand-prêtre, qui s’en aperçut, fit tuer aussitôt l’enfant et jeter quelques gouttes de son sang sur les habits du roi pour expier le crime et prévenir de redoutables conséquences. Le roi est toujours servi à genoux. On rend les mêmes respects aux plats qui vont à sa table et qui en sortent ; c’est-à-dire qu’à l’approche de l’officier qui les conduit, tout le monde se prosterne et baisse le visage jusqu’à terre. C’est un si grand crime d’avoir jeté les